Dans un train en route vers Boukhara, en Ouzbékistan: entrevue par Marit Fosse
Dans un train en route vers Boukhara, en Ouzbékistan, on lie connaissance avec Mr Ilhom Yabarboyev. Il était en route pour rentrer à la maison après avoir traversé le pays en long et en large pendant 15 jours avec ses clients. Mr Ilhom Yabarboyev organise des voyages à la clef non seulement en Ouzbékistan, mais dans toute l’Asie Central, pour ceux qui souhaitent découvrir cette partie du monde. Lorsque le train passait par des villes mythiques telles que Samarkand nous avons eu la chance d’apprendre beaucoup sur l’histoire du pays, ainsi que des endroits à visiter aussi bien en Ouzbékistan, qu’en Asie Central. Voyager en sa compagnie a été un plaisir, et même si on ne connaît pas bien cette partie du monde, Mr Yabarboyev qui parle d’ailleurs parle un français parfait, donne envie de revenir.
Laissons la place à Mr Yabarboyev.
Pourriez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai commencé à apprendre la langue française à l’école, et j’ai continué avec des études de français à l’université. C’était au début de l’Indépendance et le pays commençait de s’ouvrir aux visiteurs étrangers, aux Européens et aux Français. On avait envie de parler la langue qu’on avait étudiée à l’école et à l’université.
Il y a eu une première rencontre avec les visiteurs français, ensuite, la deuxième, ainsi de suite. Discuter avec les Européens et leur montrer mon beau pays, et de leur faire découvrir les monuments historiques, partager notre riche histoire me plaisait beaucoup. C’est ainsi que je suis rentré dans le tourisme, en tant que guide !
Le gouvernement nous a formés gratuitement. Ils nous ont fait visiter les monuments et sites historiques du pays, on a appris l’histoire de chaque monument, de chaque lieu historique. Vu que nous étions la première génération de guides, nous avions eu la chance d’être très bien formés.
Q : Peut-on dire que vous êtes devenu une encyclopédie vivante en matière d’histoire de votre pays ?
Tout à fait. Il faut dire que l’Ouzbékistan actuel se trouve au cœur de la Route de la Soie, qui a joué un rôle très important dans l’histoire de l’Asie centrale, mais aussi ailleurs. Les idées originaires de cette partie du monde ont eu des répercussions partout à travers le monde. En étudiant l’histoire du pays, et la Route de la Soie, on peut dire qu’on devient une encyclopédie vivante, car la richesse qui s’y trouve est immense.
Être une encyclopédie fermée n’est pas bien. Il faut être ouvert, partager la connaissance des coutumes ancestrales, de la mentalité du pays avec tout le monde. Nous avons les villes historiques de Khiva, de Samarkand, de Boukhara avec la riche vallée de Fergana qui ont joué un rôle vraiment très important en Asie Central, et en particulier sur la Route de la Soie.
Q : Que signifie cela pour vous, un Ouzbek du 21e siècle, d’avoir un passé historique aussi riche ?
Cela nous donne une fierté et en même temps une responsabilité. Nous sommes certes devenus héritiers directs de ce riche passé, mais cela n’est pas que nous, les Ouzbeks, qui avons fait ce riche passé historique. Ce sont les peuples d’Asie centrale et les pays autour de nous, y compris l’Afghanistan. Il y a cinq pays « ISTAN » et tout le monde a participé avec quelque chose pour ce rayonnement mondial.
Nous sommes obligés de préserver cet héritage en bon état pour que les générations futures puissent profiter de cette culture, cette histoire, et voir ces monuments.
Q : Vous avez parlé de ces cinq pays « Istan ». Que signifie le mot Istan ?
Istan et un mot perse. Si on le traduit directement cela veut dire ‘le lieu’. Donc, l’Ouzbékistan veut dire le lieu des Ouzbeks, ou on peut dire le pays des Ouzbeks. Le Kazakhstan est le pays des Kazakhs, et ainsi de suite.
Dans les années 1925, sous l’Union soviétique, on a voulu diviser l’Asie centrale en plusieurs pays, en utilisant la devise connue : «diviser pour mieux régner». C’est à cette époque qu’on a eu le Tadjikistan, le Turkménistan, le Kirghizistan, etc.
Q : Vous avez créé une société. Que proposez-vous et quelle est la situation actuelle pour les entreprises en Ouzbékistan en période de COVID?
Personnellement, j’ai monté une agence touristique. On accueille des touristes. On les fait visiter l’Ouzbékistan et plus globalement l’Asie centrale. On a de bonnes relations avec les cinq pays autour d’Ouzbékistan, et c’est ainsi qu’on peut facilement sortir d’un pays à l’autre. On peut faire un circuit bien enchaîné. Mon agence s’appelle Ouzbek voyages. Sur notre site internet, on propose des circuits à la carte que cela soit dans le domaine éco-responsable, culturel, etc.
Il est vrai que pendant la pandémie de COVID, comme cela a été le cas partout dans le monde, on a eu quelques problèmes – pas de touristes, pas le droit de sortir, etc. Il faut dire que le gouvernement a fait beaucoup pour nous aider, pour qu’on puisse garder notre personnel, et nous permettre de nous perfectionner dans nos domaines respectifs. Grâce à cette attention forte de notre gouvernement et de notre État, nous n’avons pas eu de véritables problèmes, à part le manque de contact avec nos clients.
Je pense qu’on est arrivé au bout de cette histoire, et nous avons actuellement des visiteurs européens. Nous avons commencé à travailler tranquillement, tout en respectant les codes sanitaires et d’hygiène.
Q : Si quelqu’un souhaite faire un voyage dans votre partie du monde, que lui conseilleriez-vous ?
Lorsqu’on parle de la Route de la Soie, elle se compose de plusieurs morceaux. C’est un long chemin qui commence à Pékin, qui passant par plusieurs pays, pour arriver à Damas de l’autre côté, ou Istanbul. Il y avait également une autre qui prenait la direction du nord, pour arriver à l’Europe de l’Est. Pour cela il faut le faire par petits morceaux. Samarkand, qui était au cœur de cette route attire aussi l’attention de voyageurs.
Nous sommes issus de Samarkand et on réside toujours ici. Nous proposons donc plusieurs circuits dont le Désert Rouge, et le pic enneigé du Chan Chan, un territoire du Kirghizstan, jusqu’à la mer Caspienne. Bien sûr que les personnes peuvent nous contacter par internet, et nous laisser un petit mot pour qu’on puisse revenir vers eux.
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