Voyage en Xinjiang par Maxime Vivas
Je suis allé au Xinjiang en 2016 avec 40 journalistes de 20 nationalités diverses. J’y suis retourné en 2018. J’ai parcouru cette région en avion, en minibus. Nous avons visité de grandes villes comme Urumqi, Shihizi, Kashgar, des villages. Au cours de ces deux voyages, j’ai vu des exploitations agricoles, beaucoup d’usines, des écoles (collèges et écoles primaires), un hôpital. J’ai vu aussi des mosquées, des théâtres, des musées, des centres culturels et artistiques. J’ai assisté à des spectacles grandioses, dont l’un dans le nouveau théâtre à une cinquantaine de kilomètres d’Urumqi, une construction magnifique d’inspiration arabo-andalouse. Partout, j’ai reçu un accueil chaleureux des habitants du Xinjiang.
C’est la différence entre ce que j’ai vu et ce que disent nos médias qui m’a poussé à écrire des articles dès 2016 et un livre en 2020. Quand mon livre est sorti en décembre 2020, il avait mijoté dans ma tête depuis 2016.
J’avais enquêté en 2005/2007 sur une organisation américaine, la NED (National Endowment for Democracy) qui finançait une association : RSF (Reporters sans frontières), organisation très hostile à tous les pays que les É.-U. n’aiment pas (Cuba, le Venezuela, la Russie, la Chine). La NED est une officine-écran de la CIA, un paravent qui cache comment l’argent des États-Unis alimente les menées antichinoises. J’ai écrit un livre sur RSF. Son secrétaire général, aujourd’hui maire (extrême droite) d’une ville du sud de la France, m’a menacé quatre fois d’un procès.
Da ns mon récent livre sur le Xinjiang j’ai fait une démonstration irréfutable : plusieurs individus et organisations qui mènent une campagne contre le Xinjiang sont financés par la NED. S’agissant par exemple du « Congrès mondial ouïghour », je donne, au dollar près, les sommes que cette organisation a reçues et je donne la liste des actions qu’elle doit faire contre la Chine en échange.
Les États-Unis et les médias occidentaux pro-américains propagent une rumeur sur le malheur du peuple ouïghour qui serait victime de torture, d’esclavage, de prélèvements d’organes. Ces mensonges n’ont jamais reçu le moindre début de preuve, pour la bonne raison que ce sont des mensonges. Mais ils acquièrent une apparence de vérité à force d’être répétés.
Le 8 octobre 2020, Clémentine Autain, députée de gauche, interpelle longuement sur le Xinjiang le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, en lui reprochant un « silence coupable de la France » et en demandant que des mesures soient prises contre la Chine, fautive pour: « torture, travail forcé, stérilisation, avortement de masse, massacre d’une ampleur inégalée à travers le monde, etc. ». Sur son blogue, elle écrit : « … prélèvements forcés d’organes, travaux forcés au sein d’ateliers sous-traités par des multinationales… Ces actes – que certains observateurs n’hésitent pas à qualifier de « génocide démographique » – s’inscrivent dans une politique qui vise à diminuer la population musulmane dans le pays ».
Raphaël Glucksmann, député européen élu sur une liste socialiste : déclare que la Chine se livre au Xinjiang au « pire crime contre l’humanité du XXIe siècle », il parle d’esclavage et de génocide. Il demande des sanctions contre la Chine.
Ces députés et nos médias, sont essentiellement informés par Adrian Zenz, un évangéliste fondamentaliste allemand qui déclare être guidé par dieu pour une mission contre Beijing. «Je me sens très clairement conduit par Dieu à faire cela», a-t-il déclaré au Wall Street Journal. Il vit aux É.-U.. Il milite dans une association « commémorative des victimes du communisme », une organisation d’extrême-droite parrainée par le gouvernement américain. Il s’est rendu une fois au Xinjiang en 2007 en tant que touriste. Voulez-vous un exemple amusant d’un mensonge d’Adrian Zenz ? Il publie sur tweeter une photo de chaussure contenant un appel au secours (en anglais) d’un ouïghour « esclave en Chine », mais cette marque est fabriquée au Vietnam.
Un autre informateur est l’Américain Ethan Gutmann, financé par la NED et qui, depuis l’Amérique, a remarqué que 25 000 Ouïghours de 25 à 35 ans sont tués chaque année pour leurs organes, puis brûlés. On remarquera la précision dans les chiffres.
Beaucoup de médias du camp occidental ont diffusé ces sornettes et l’opinion publique les croit. Cependant comme aucune preuve ne peut être fournie, certaines organisations commencent à se montrer prudentes.
Dans mon livre: « Ouïghours, pour en finir avec les fake news » (publié en décembre 2020 aux éditions françaises La route de la soie), j’écris qu’« Amnesty International affirme (juillet 2018) ne pas être en mesure de vérifier les allégations sur les prélèvements d’organes ». J’ajoute dans le livre que ce canular « court dans les médias, contamine des politiciens et épargne la communauté scientifique tandis que les organismes internationaux s’en tiennent à l’écart, demandent à voir, et quand ils ont vu, démentent ». Mon lecteur doit savoir qu’Amnesty International a pourtant toujours été très sévère envers la Chine.
Le 20 juillet 2020, le quotidien Libération fait sa « une » avec un titre : « Ouïghours, génocide en cours ». L’article est signé Laurence Defranoux. Mais le 15 décembre, invitée sur France TV, elle n’affirme plus qu’il y a un génocide : « C’est à la Justice d’en décider », dit-elle.
Au mois de mars 2021, le journal en ligne « Arrêt Sur Images » m’a violemment attaqué en raison de mon livre, mais a dû admettre que « « les allégations de génocide et de trafic d’organes » sont « les deux éléments les moins démontrés des informations en provenance du Xinjiang depuis deux ans ».
Cela signifie que ces deux énormes accusations qui ont provoqué beaucoup d’émotion commencent à ne plus pouvoir être soutenues et répétées.
Si un grand pays a commis un génocide, il s’appelle : É.-U.. Estimée entre 9 et 11,5 millions à la fin du XVe siècle, la population des Indiens d’Amérique du Nord n’est plus que 250 000 en 1890. Par quel miracle a-t-on transformé ce génocide en une glorieuse épopée de cow-boys ? Par la propagande.
Les Ouïghours, comme les autres ethnies minoritaires, n’ont jamais été concernés par la politique de l’enfant unique. Un couple peut avoir trois enfants quand un couple de Han devait, jusqu’en 2016, n’en avoir qu’un. Grâce à un meilleur suivi médical des Ouïghoures (et des autres habitants du Xinjiang), le taux de mortalité infantile est de 10,03 pour 1 000 naissances, contre 420 à 600 pour 1 000 il y a 60 ans.
Mais il faut savoir qu’en Chine, comme partout dans le monde, le taux de fécondité dépend de plusieurs facteurs parmi lesquels le niveau de vie, les années de scolarisation des femmes, leur implication dans la vie économique (emplois salariés) et la mise en œuvre des politiques de planning familial. Partout, quand les femmes jouissent pleinement du droit à l’éducation et à l’emploi, quand elles sont plus nombreuses à fréquenter les universités, quand elles ont accès à une plus grande souveraineté en matière de procréation, quand elles ont acquis une indépendance financière hors mariage, on observe une baisse de la natalité. Il reste que, et n’en déplaise aux détracteurs de la Chine, le taux de croissance de la population du Xinjiang (en 2018) était de 6,13 pour mille, alors que celui de la population nationale était de 3,81 pour mille. Au cours des quatre décennies entre 1978 et 2018, la population ouïghoure du Xinjiang est passée de 5,55 millions à 12,72 millions, soit 51,2% de la population totale de la région autonome.
Ces données, vérifiables, sur la population ouïghoure rendent indéfendable le mensonge sur le « génocide ». Et seuls quelques forcenés antichinois continuent à le propager. Alors, certains parlent désormais de « génocide culturel ».
J’ai assisté au Xinjiang à des spectacles culturels, très variés, parfois grandioses qui montrent que la culture ouïghoure est respectée et libre. J’ai vu aussi comment la langue ouïghoure est respectée, ainsi que les coutumes vestimentaires. Tant mieux, parce que toute culture régionale enrichit le reste de la nation.
Une troisième accusation est alors arrivée : les Ouïghours condamnés à des travaux forcés, voire esclaves dans les champs de coton. Combien ? 500 000 ! Admirons là aussi la précision. Les travaux forcés ! Cette information circule avec la même force que les précédentes. J’imagine combien de «gardes » il faudrait pour surveiller tout ce monde et l’empêcher de s’échapper : des centaines de milliers, certainement.
La définition des travaux forcés est la suivante : peines de détention assorties de travail obligatoire appliquées à des individus condamnés à l’emprisonnement pour des crimes ou délits.
Dans ma région du sud de la France, quand arrive la saison des vendanges, des étudiants français, des chômeurs, des Espagnols, des Marocains sont embauchés. On appelle ça des « travailleurs saisonniers ». On en voit arriver aussi pour la culture des légumes, la cueillette des fruits (pommes, abricots, cerises, pêches, poires…). Ils peuvent être jusqu’à 1 million par an. Les mêmes travailleurs affectés à la récolte du coton au Xinjiang sont appelés « esclaves » par nos médias. Ce qui est bien chez nous est mal en Chine.
Quoi que vous fassiez, vous serez critiqués. Si l’habitat dans les villages est refait, on parle de mort de la culture. Si vous enseignez aux ouïghours la langue de leur pays, on vous accuse d’interdire la langue ouïghoure. Si vos médecins soignent les femmes enceintes, on parle de planning familial et avortement forcé. Si vous implantez des usines au Xinjiang, on parlera d’esclavage. Les mêmes choses, faites chez nous, sont très bien. Chez vous, c’est très mal.
Question 2
- En Occident, on croit que le Xinjiang est habité par deux ethnies : les Han et les Ouïghours.
En vérité, il y a cinquante-six ethnies, dont les plus importantes sont les Ouïgours (50%) et les Han (30%). Viennent ensuite (dans l’ordre d’importance numérique), les Kazakhs, Huis, Kirghizes, Mongols, Tadjiks, Xibes, Mandchous, Ouzbeks, Russes, Daurs, Tatares, Dongxiangs, etc.
Je crois avoir compris, que l’article 4 de la Constitution chinoise dise que : « Toute discrimination ou oppression d’une ethnie, quelle qu’elle soit, est interdite… Chaque ethnie a le droit d’utiliser et de développer sa propre langue et sa propre écriture, de conserver ou réformer ses us et coutumes.»
Et c’est bien ce que j’ai vu au Xinjiang. Mais dans aucun pays moderne du monde, la langue des ethnies ne peut se substituer à la langue du pays, à la langue de tous les citoyens, à la langue grâce à laquelle on se comprend sur tout le territoire, à la langue qui est un élément constitutif d’une nation.
Si le niveau de vie, le niveau d’instruction augmentent au Xinjiang, si des progrès sont faits dans l’habitat, les transports, si les habitants du Xinjiang trouvent un travail, le terrorisme va perdre son terreau, son aliment.
En Occident, on croit que le Xinjiang est une terre musulmane.
En vérité, plusieurs religions y cohabitent : l’islam, le taoïsme, le bouddhisme, le christianisme et l’orthodoxie… Et, bien entendu, il ya des habitants, comme partout dans le monde qui ne croient à aucun dieu. En France, ils sont près de 40 %.
Le Xinjiang est une Région autonome chinoise, pluri-ethnique, pluri-culturelle et pluri-religieuse. Mais il est vrai que la religion la plus importante et l’islam. On le voit au nombre très important de s. Il y a plus de mosquées au Xinjiang qu’en France où la religion musulmane est la plus importante, après la religion catholique. La mosquée de Kashgar peut accueillir 10 000 fidèles. La cathédrale Notre-Dame de Paris peut en accueillir 9000. J’ai vu au Xinjiang une école coranique, j’ai vu un marchand, dans un souk, tourner le dos aux clients pour faire sa prière musulmane, j’ai entendu un Ouïghour me dire devant un officiel han : « Je suis musulman, je vais à la mosquée tous les vendredis ».
Où est le problème ? Pourquoi y en aurait-il un ? Il y en a un dans l’esprit des médias français. Quand je suis allé au Tibet en 2010 avec deux grands reporters des deux plus grands quotidiens français (Le Figaro et Le Monde), les médias, l’opinion générale, les « Tibétologues » nous avaient avertis de ce qu’on allait voir : langue tibétaine interdite, culture tibétaine éradiquée, stérilisation des femmes et génocide. Mais nous n’avons rien vu de tout ça ! Aujourd’hui, on nous dit que c’est exactement ce qu’il faut voir au Xinjiang. Mais j’y suis allé deux fois et je n’ai pas du tout vu cela. S’agissant de la langue, le problème est même l’inverse. J’ai rencontré des Ouïghours qui ne parlaient que l’ouïghour. En France, la langue française a été enseignée dans toutes les écoles dès 1880. Avant, il y avait 50 langues différentes dans l’Hexagone. L’école publique, laïque et obligatoire a appris à tous les Français la langue officielle du pays, et parmi les autres matières, la géographie du pays. En plus, les écoliers ont appris ce qu’est la République.
Je sais que cela se fait à présent au Xinjiang et c’est une bonne chose pour tous. Je sais aussi que nos médias antichinois prétendent qu’au Xinjiang, ces mêmes formations sont du bourrage de crâne et de l’endoctrinement.
Le niveau de vie, le niveau d’instruction augmentent au Xinjiang, des progrès sont faits dans l’habitat, les transports, la région s’industrialise, les habitants ont un travail. Par conséquent, le terrorisme perd son terreau, son aliment qui est l’ignorance et la pauvreté. Depuis plusieurs années, on ne constate plus des actes violents. La région est apaisée et les ethnies se côtoient sans difficulté.
Le gros problème est celui de la radicalisation islamiste d’une minorité de Ouïghours, ceux qui ont déjà commis de attentats sanglants au Xinjiang et jusqu’à Beijing. Quelques-uns combattent en Syrie avec Al Qaida. Le gouvernement chinois doit les repérer, identifier ceux qui pourraient les aider à leur retour. II s’ensuit une série de méthodes de surveillance que j’ai vues et que je comprends.
En même temps, Beijing applique en direction des Ouïghours des « discriminations positives » pour les emplois publics et pour l’entrée dans les universités, pour la création de commerces, d’entreprises.
Tout au long de son histoire, la France a connu des guerres de religion terribles, avec des massacres de masse. En 1905, la loi sur la laïcité a apaisé les conflits. Par cette loi, toutes les religions sont reconnues, protégées par la République, mais aucune ne peut essayer de faire la loi pour le pays. Pour les croyants, il existe des églises, des temples, des synagogues, des mosquées, dans lesquels chacun peut vivre librement sa foi. Mais en dehors de ces lieux, aucune religion ne peut imposer sa loi aux autres. Les incroyants sont également protégés. C’est la liberté de conscience.
C’est pareil en Chine, avec l’article 36 de votre Constitution qui garantit la liberté de religion : « Les citoyens de la République populaire de Chine jouissent de la liberté de religion. Aucun organisme d’État, ni aucun groupement social, ni aucun individu ne peuvent forcer un citoyen à avoir ou à ne pas avoir de religion ni faire de discrimination à l’égard d’un croyant ou d’un non-croyant. L’État protège les pratiques religieuses ordinaires. »
Pour conclure, je dirai que ce que j’ai vu au Xinjiang me fait penser que ce pays aura un avenir bien meilleur que ce que fut son passé. Par le développement de l’éducation, de la tolérance, par la liberté de croyance dans le cadre des lois de la république, le Xinjiang va pouvoir montrer au monde son atout magnifique : la beauté de cette région. Je suis persuadé que la Xinjiang accueillera de plus en plus des touristes du monde entier.