COMPRENDRE LE COURS D’ÉCR par Frankhanta
Parmi toutes les matières enseignées dans les écoles québécoises aux niveaux primaire et secondaire, il y a un cours qui faisait souvent l’actualité même bien avant sa parution et jusqu’à maintenant. La preuve en est bien grande, le Parti Québécois l’avait accusé comme s’il faisait la propagande des stéréotypes et des dogmes religieux; le gouvernement caquiste l’utilise pour effectuer une autre réforme scolaire qui serait son cheval de bataille et la sauvegarde de la culture et citoyenneté québécoise, certains parents disaient qu’on ne parlait pas assez du Catholicisme dans ce programme, les directions d’école avaient diminué de 50% le nombre de périodes d’enseignement allouées au programme de quatrième secondaire.
Ainsi, il s’agit du cours d’Éthique et Culture Religieuse. En dépit de tout ce que l’on dit de bien ou de mal contre cette matière, il me semble que les gens
ignorent complètement le contenu du cours ainsi que son but primordial et ses compétences visées. En tant qu’enseignant de cette matière et avant l’abolition totale de cette dernière, il me plaît d’apporter quelques éléments nécessaires à la compréhension de tout le monde par rapport à cette matière si importante, j’estime.
D’abord et avant tout, je dois préciser que le cours d’éthique et culture religieuse n’est pas un cours de religion comme certains veulent faire croire à la population, hélas le ministre de l’Éducation ! Certes, les enseignants de cette matière abordent un aspect religieux, mais avec une approche ouverte et interdisciplinaire, en étudiant le phénomène religieux afin d’aider les élèves à développer leur esprit critique à l’égard de la religion, à découvrir la croyance des uns et des autres et atteindre également une des trois compétences du programme qui est de manifester une compréhension du phénomène religieux : TOUTES LES RELIGIONS VUES EN CLASSE SONT TRAITÉES OBJECTIVEMENT. Jamais au grand jamais, aucun prof n’a diminué ni favorisé une religion à l’égard d’une autre ni fait du prosélytisme. Les profs de cette matière sont des licenciés comme tous les autres enseignants ; ils ont étudié à l’université aussi. Ici, il ne s’agit pas de l’ancien cours de morale et de religion qui divisait les élèves et enseignait par n’importe qui. Le temps est révolu depuis 2008, annoncé en 1995 par le philosophe et l’initiateur de ce programme, Georges Leroux.
En fait, le cours d’Éthique et Culture Religieuse est la seule et l’unique discipline qui prédispose aux cours de philosophie, qui prône, en même temps, le vrai vivre-ensemble. Cette discipline est aussi au centre de toutes les autres matières, et soutient fermement les trois axes s’articulant autour de la mission de l’école québécoise : INSTRUIRE-SOCIALISER- ÉDUQUER.
Pour accomplir cette mission, les enseignants de cette discipline se basent sur les trois compétences du programme :
- Réfléchir sur des questions éthiques ;
- Manifester une compréhension adéquate du phénomène religieux ;
- Pratiquer le dialogue.
Évidemment nombreux sont les gens qui n’accordent pas d’importance au cours d’Éthique et Culture Religieuse. Les raisons sont diverses chez certains commentateurs. Les critiques les plus récurrentes sont le vocabulaire qu’on jugeait conceptuel dans le sens qu’il n’est pas proche de la vie courante et la religion occupe une place prédominante. Ce qui se cache derrière cette critique, c’est l’absence de lien entre ces sciences et la quotidienneté. Pourtant, les thèmes abordés font partie de la vie de tous les jours ainsi que la diversité religieuse fait également qu’il est une réalité présente de notre société. Voici quelques thématiques abordées à travers l’ancien cours d’Éthique: l’AUTONOMIE, LA LIBERTÉ, LA JUSTICE, L’IDENTITÉ, LA TOLÉRANCE, LE DIALOGUE, LA SEXUALITÉ, LA PHILOSOPHIE, LA LAÏCITÉ, L’ENVIRONNEMENT, LA RELIGION, L’ÉTHIQUE…Sans compter les deux finalités fondamentales du cours. La RECONNAISSANCE DE L’AUTRE et LA POURSUITE DU BIEN COMMUN.
En effet, l’absence d’intérêt de certaines personnes pour le cours d’éthique et culture religieuse s’explique par la culture d’aujourd’hui qui favorise plus ce qui est utile à court terme, cela en termes d’argent et la politisation du cours. L’éthique et la culture religieuse ne répondaient pas à cette tendance, toujours selon ces personnes.
Ce que, de toute évidence, on ne voit pas, ce sont les relations que les gens doivent entretenir entre eux en société, lesquelles relations doivent être orientées suivant la nature et la finalité du vivre-ensemble. Le cours d’éthique et culture religieuse a été conçu pour répondre à cette exigence. En tant qu’élève, on doit savoir comment se comporter envers les gens du milieu; l’élève d’aujourd’hui sera le/la travailleur/se de demain. Il y a des comportements appropriés à assimiler; le travailleur ainsi que la travailleuse sont appelé(e)s à être père et mère, ce qui sous-entend des enfants à élever, ce qui ne se fait pas n’importe comment; chaque membre de la société est citoyen, citoyenne, il y a une façon bien déterminée de se comporter; c’est le cours d’éthique et culture religieuse qui a la mission de former en ce sens les gens. La matière en soi n’était pas cheval de bataille des politiciens ni source d’argent proprement dite, mais la connaissance qu’elle transmettait était utile pour vivre et bien vivre en société. Cela comprend forcément le fait de gagner sa vie.
«Contrairement aux autres cours, le cours d’éthique et culture religieuse ne se contentait pas d’exposer un état des connaissances comme veut le ministre de l’Éducation ou de proposer une méthode, il se situait sur le chemin de la vie, de l’argumentation, du sens et des valeurs».
Frankhanta