António Guterres, ancien Premier Ministre Portugais et Secrétaire général des Nations unies depuis janvier 2017
- Brigue un second mandat de cinq ans, à compter du 1er janvier 2022
Le 10 janvier, Stéphane Dujarric, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU a annoncé lors de son point de presse que António Guterres briguait un second mandat et qu’il avait notifié ses intentions par lettre, à Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée général, et à Tarek Ladeb, représentant permanent de la Tunisie et Président du Conseil de sécurité pour le mois de Janvier. Il aurait également fait part de ses intentions aux responsables des groupes régionaux et politiques.
Les cinq membres permanents du Conseil – la Chine, les États Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie – devraient faire connaître leur choix au cours des prochains mois. Cependant, il n’y a aucune date limite pour ce qui concerne la décision laquelle doit être approuvée par la suite, par les 193 pays membres de l’Assemblée générale.
Un nouveau processus de sélection du Secrétaire général a été défini dans une résolution de l’Assemblée générale de 2015, sous l’impulsion de la société civile et d’une coalition d’États membres des Nations unies qui réclamaient plus de transparence dans le processus de sélection de 2016 auquel participaient sept femmes et six hommes. Ultérieurement, la sélection d’un Secrétaire général se faisait dans le plus grand secret. Néanmoins, en dépit d’une plus grande ouverture par le biais de dialogues publics et d’une série de sondages d’opinion au sein du Conseil, il semblerait qu’en 2016, la France, les États-Unis et la Russie aient été les principaux décideurs dans le choix final d’António Guterres.
Bien qu’il ait refusé jusqu’alors de révéler ses intentions, sa candidature pour un second mandat n’était vraiment inattendue, surtout depuis que Joe Biden a été élu à la présidence des États Unis. Guterres avait laissé entendre à plusieurs reprises que si Trump était réélu, il ne ferait pas un autre mandat, ce qui lui avait valu un rappel à l’ordre de la représentante américaine qui en avait eu connaissance. Actuellement, aucun concurrent sérieux n’émerge pour le poste d’autant plus qu’António Guterres a fait pratiquement un parcours sans faute: il n’a pas contredit les États-Unis ni aucun des autres membres permanents, notamment sur la plupart des questions politiques. Il s’est abstenu de prendre position sur des questions de droits de l’homme, probablement pour ne pas froisser la Chine, grand argentier de l’Onu ? Ce que lui ont reproché de nombreuses organisations humanitaires.
Human Rights Watch a réagi à la nouvelle en déclarant : « S’il est confirmé, il ne devrait pas recevoir un nouveau mandat sur un plateau d’argent. Le processus devrait inclure plusieurs candidats qui présentent tous publiquement des plans concrets pour améliorer l’ONU, y compris sur la manière de renforcer les droits de l’homme à un moment où certains gouvernements travaillent activement à le miner. Les performances de António Guterres en matière de droits de l’homme au cours des quatre dernières années ont été mitigées, largement caractérisées par une réticence à critiquer publiquement et nommément les gouvernements qui violent les droits de l’homme et une préférence pour la diplomatie à huis clos ».
Les relations avec Joe Biden, le successeur de Trump, connu pour être un internationaliste devraient être plus faciles, d’autant que ce dernier a annoncé qu’il allait comptait réintégrer les États-Unis au sein des accords et des agences internationales dont Trump s’est retiré ou qu’il a critiqué à plusieurs reprises.
Dans sa lettre adressée au président de l’AG et aux membres du Conseil, Guterres écrit: « depuis mon entrée en fonction, j’ai eu le privilège de travailler à la réforme des Nations Unies, afin de répondre aux aspirations des États membres, en luttant pour la dignité et le bien-être des personnes, tout en assurant la durabilité de notre planète pour les générations futures.»
La résolution 69/321 de l’Assemblée générale demande aux présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité de « lancer le processus de sollicitation de candidats au poste de Secrétaire général par une lettre commune adressée à tous les États membres ». En octobre 2016, avant que António Guterres ne soit choisi pour succéder à Ban Ki-moon, de nombreuses organisations de la société civile faisaient compagne pour qu’une femme soit choisie comme Secrétaire générale. Aujourd’hui, une telle campagne n’a pas encore vue le jour, bien que les organisations de femmes restent actives sur la question.
- Celhia de Lavarene
- Janvier 2021